DELPH 28

ESSAI

DE VOILES ET VOILIERS

N° 57

Deux ou trois choses seulement parce que le manque de vent nous a empêché de voir tout ce que le Delph 28 avait dans la carène. Deux ou trois chose qui nous ont donné envie d'en parler sans attendre car, disons le tout de suite, ce nouveau halftonner d'André Mauric est attirant.

Le bateau est petit, ou plus exactement sa longueur hors tout est réduite (8,58 m). par contre, la longueur de flottaison est à peine plus faible que celle du super du super arlequin (6,84 pour 6,95). Mais le plus étonnant est certainement son gréement 7/8^ème extrêmement allongé; Pensez, le mât est à plus de 12 mètres au dessus du pont, presque autant que celui de son grand frère, le Delph 32! André Mauric a toujours eu un penchant pour les gréements allongés et là, je peux vous dire qu'il s"en est donné à cœur joie.

Au début de l'essai, il n'y avait guère plus de force 1, parole de Manchard. Pourtant en sortant de Sanary, le Delph 28 allait très vite. A la barre se retrouvaient vraiment les réactions d'un gros quillard de compétition. Ah ! Le bon temps du requin ! Sur le plan d'eau à peine ridé, le cap est assez étonnant. Malheureu-sement, il n'y a qu'un Samouraï pour donner le change. Le Delph déploie ses ailes, son mât va chercher le vent très haut et nous le ramène dans un feulement d'étrave scintillant. Glisse petit dauphin ! Tu es fait pour tirer des bords dans le zéphire évanescents.

Devant Sanary, le Delph 28 démarre à la première risée, sous son immense

Gréement, il donne l'impression d'être un grand bateau.

On redécouvre ainsi le plaisir d'avancer à la voile là ou tout croiseur aurait déjà mis le moteur en route avec son bateau soi-disant voilé pour la croisière c'est-à-dire sous voilé. On ne dira jamais assez que les vrais bateau de croisière doivent être plus voilés que les bateaux de course qui eux doivent rentrer dans la jauge.

Par Daniel Allisy

Photos Emmanuel Allisy

Par besoins d'indicateurs de près, nous barrons aux brins de laine, ces merveilleuses petites choses qui sont certainement la plus belle invention humaine depuis la photographie ! Les voiles North en mettent maintenant tout le long du génois ainsi que sur toute la chute de la grand' voile et chacun arrive ainsi à reconnaître exactement les flux d'air. Un des avantage du gréement 7/8^ème est de pouvoir parfaitement contrôler la courbure du mât et la forme de la voile. Bien sûr les bastaques postent un petit problème lorsque vous avez perdu l'habitude mais sur un

voilier destiné à la régate ce n'est pas une affaire. Un autre avantage bien connu des gents qui font du dériveur est que, dans le clapot, ce n'est pas l'ensemble du bateau qui encaisse le choc dans un "bang", mais une partie seulement, une certaine quantité de l'énergie s'échappant par la tête de mât. La contre partie se paye bien sûr dans les petites tailles de spi : sur le Delph 28 sa surface atteint 55 mètre carrés.

L'accastillage est à la hauteur des ambitions du bateau : winches bien dimensionnés, deux drisses de foc, manœuvres ramenées au cockpit. Au début tous ces bouts impressionnent, mais il suffira de choisir des bouts de couleurs différentes pour s'y retrouver. La circulation et la manœuvre sont aisées, que ce soit sur le pont ou sur le rouf qui vient s'intégrer à la plage avant. En revanche, le cale-pied est vraiment insuffisant, le pied venant souvent glisser dessus.

Le bateau que nous avons essayé était une version dite week-end : en fait une coque absolument complète en ce qui concerne tout l'accastillage, mais dont l'intérieur se résume aux cloisons et à deux bas flancs de couchette. Pour régater, c'est suffisant et puis il est toujours possible de rajouter des aménagements. La version course croisière comporte une partie cuisine ainsi qu'un table à cartes à tribord de la descente et quatre couchettes dans le carré. Dans la version croisière, il existe une dînette. Ces deux dernières versions présentant l'aménagement du poste avant.

(…)

De toute évidence la vocation première de ce bateau est la régate. Régate de la journée ou corse croisière. Ce n'est pas un voilier de croisière au sens traditionnel du terme, bien que pour ma part je sois assez tenté par la formule du bateau rapide et amusant. Au reste l'impression de sécurité est suffisamment évoquante pour que l'on puisse envisager n'importe quelle traite avec le Delph 28. Mais il faut savoir aussi, de la part de la forme de son leste, il est totalement impropre à l'échouage autrement que sur le nez !

En ce qui concerne les performances réelles du bateau, c'est-à-dire bord à bord avec d'autres half tonners modernes, ce premier contact a été trop rapide pour que nous puissions affirmer quoi que ce soit. Ce que je peux dire tout de même, c'est que j'ai eu entre les mains un engin de près, rapide et surtout supérieurement amusant.

En bateau c'est comme dans la chanson la où il y a de la gène y'a pas de plaisir.

L'antidérapant en point de diamant est
efficace. Rails de foc intégrés. Le petit
bourrelet en forme de cale-pied est bien
dangereux (le rail métallique boulonné
se trouve en contre bas).

Un grand coffre à mouillage. Le point
d'amure de foc est remplacé par un
mousqueton rapide.

Propre et net, il est étroit, ce qui permet de bien se caler à la gîte en s'appuyant sur
le banc sous le vent. Les rangements sont nombreux. Noter la place du "bib"
sous le banc arrière.

(Version Week-end)

Cet intérieur correspond à (…)

Coque nue avec ses cloisons et deux bas-
flancs de couchette

Sa taille est impressionnante. Un seul
étage de barre de flèche. Le gréement de spi
est fourni dans l'inventaire standard